Il y a 40 ans l’islam politique n’existait pas

Humeur n°172 -
Mercredi 07 Octobre 2015 - Jean-Louis Guigou

L’islam politique est une imposture qui nous prend tous en otage :
- Les Musulmans ordinaires ne s’y retrouvent plus et se voient imposés des interdits de toutes sortes.
- Les Occidentaux, pour leur part, sont entraînés dans la guerre et donnent crédit aux tenants du choc des civilisations.

Au Maroc des années 1960-70, en Egypte, en Tunisie, c’était l’indépendance, la fin des guerres coloniales, la liberté, la fantaisie, les bistrots, les plages, les fêtes…L’espace public était ouvert, accueillant à la création et à l’émancipation.

Les pays arabes dans les années 1960-70, c’était aussi la frénésie politique, la fierté, le panarabisme, le tiers-mondisme, le nationalisme, le socialisme, le communisme. La désillusion commence avec la guerre des Six jours en 1967 puis en 1970 Nasser meurt et à la même année c’est le « Septembre noir » où des Palestiniens sont massacrés par l’armée jordanienne.

En 1979, la Révolution islamique iranienne sonne le glas de la modernisation culturelle. La désillusion est si forte que seule la religion réconforte et permet de résister. « L’extrémisme religieux prend le relai du nationalisme arabe après la défaite entre Israël et la mort de Nasser. La solidarité arabe laisse la place à la solidarité musulmane. L’islamisme se substitue au panarabisme ». Cf Jean-Louis Guigou, Le Nouveau monde méditerranéen, Descartes & Cie, 2013, p25. Les peuples arabes sont ainsi humiliés, ils s’enferment dans les mosquées, le wahabisme saoudien exporte ses prédicateurs.

Un fléau est né : le radicalisme religieux. En quarante ans, la chape de plomb est tombée, la régression religieuse est opérée.

L’espace public semble se fermer de plus en plus aux libertés. Les jeunes, les plus faibles, au chômage, en quête de rêve et de sens s’enrôlent dans le djihadisme, ils veulent montrer leur force. Ils veulent rompre avec le passé. Ils veulent donner un sens à leur vie. Ces jeunes en quête d’idéal sombrent dans la violence. Comment arriver progressivement à vaincre cette chape de plomb et comment vaincre la violence ? Certainement pas en répondant uniquement par la guerre et la lutte contre le terrorisme. Avant tout, c’est le développement économique et la culture qui doivent être les armes privilégiées. 

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