Infrastructures physiques et numériques ?
Jeudi 31 Janvier 2019 - Jean-Louis Guigou
Faut-il privilégier en Afrique les infrastructures numériques (communication téléphonique, accès internet, production d’énergie décentralisée, antenne parabolique, satellite, …) aux infrastructures physiques (routes, hôpitaux, barrages, aéroports…) ?
La bonne solution réside dans la complémentarité car il faudra toujours des hôpitaux pour soigner et des écoles pour enseigner.
L’apport original de Mettling dans un article récent (1) est double :
- Inverser l’ordre des facteurs : commencer par les infrastructures numériques, permettre aux populations de moins se déplacer, d’obtenir le maximum de services par le numérique. Surtout ne pas commencer par les infrastructures physiques et ne pas faire du numérique à la marge.
« Ce n’est pas avec des solutions classiques, avec la massification des infrastructures physiques, que le continent africain fera face au niveau de services qu’appelle sa croissance démographique. Ce combat serait à l’évidence totalement déraisonnable, pour son coût et son rythme impossible à suivre. L’urgence est donc de repenser les modes d’organisation et de financement, et d’en finir avec la vision du « tout grandes infrastructures physiques ». Il ne s’agit pas de choisir entre le numérique et les infrastructures traditionnelles, mais de rendre possible le développement du numérique pour réduire le besoin d’investissements en infrastructures physiques et atteindre un plus grand nombre de personnes, sur l’ensemble du continent. »
- La transformation numérique doit pénétrer tous les secteurs d’activités (énergie, agriculture, éducation, …) et ne pas être considérée comme un secteur à part. Le numérique est transversale et non vertical.
J’adhère à cette analyse, privilégier l’organisation sur le béton à une condition : que les services rendus par les infrastructures numériques garantissent la protection des données, que le secteur soit régulé et que les opérateurs (Big Tech) soient transparents.
(1) Bruno Mettling « Le numérique levier sous-estimé du développement africain » Jeune Afrique n°3028 du 20-26 janvier 2019