La hausse inévitable des salaires va favoriser l’Afrique

Humeur n°185 -
Mardi 03 Mai 2016 - Jean-Louis Guigou

Partout dans les pays développés, les rémunérations augmentent. Aux Etats-Unis, le salaire horaire moyen a progressé pour attendre 25,43 dollars. D’ici 2022, la Californie aura augmenté son SMIC de 10 dollars à 15 dollars par heure, soit une hausse de 50%.

En Europe, le Royaume-Uni se prépare à une hausse inédite du salaire minimum : 40% sur cinq ans [1] soit 9,20 euros/heure contre 9,67 euros en France. L’Allemagne a finalement aussi instauré le salaire minimum en 2015, le faisant même augmenter en 2016 de +3,5% à 8,80 euros.

Partout en Europe, les salaires minimums ont permis de résister à la crise, de contribuer à réduire les inégalités et à soutenir la consommation intérieure.

Du côté de la Chine, le nouveau modèle fondé sur la consommation intérieure et l’élargissement des classes moyennes supporte des hausses de 10 % par an selon les secteurs.

Il s’ensuit que les secteurs industriels à bas salaires sont partout pénalisés. Aux Etats-Unis, l’emploi industriel continue à flancher avec 29.000 postes détruits en mars 2016, la plus forte baisse depuis 2009. En Europe, la baisse de l’emploi industriel se poursuit aussi avec la dégringolade de la sidérurgie européenne [2].

En clair, les effets attendus portent sur une réduction possible de 85 millions d’emplois industriel.

Au profit de qui ? L’économie industrielle américaine va se réfugier au Mexique pour des raisons de productivité, de coût et de contrôle de la qualité. Quant aux industries européennes et chinoises, elles vont aller se concentrer dans les pays du Sud de la Méditerranée (au Maghreb notamment) et en Afrique.

Le moment est venu d’industrialiser les pays arabes et africains à partir de leurs nombreux atouts (matières premières, jeunesse adaptable, grands espaces, etc…). Les chinois s’y préparent et s’intéressent au Maroc, à l’Algérie et à l’Egypte. L’Afrique du Nord a le potentiel de devenir la Ruhr de l’Europe.

Les nouvelles implantations européennes au sud de la Méditerranée n’ont de chance d’être porteuses de développement durable et industriel que si la co-production et le partenariat s’imposent.

Il faut considérer l’Afrique non pas comme un relais de croissance mais comme un partenaire stratégique pour nos entreprises et entrepreneurs.

 

[1] « Le Royaume-Uni se prépare à une hausse inédite du salaire minimum » - Les Echos.fr

[2] « Le sidérurgiste indien Tata Steel cède plusieurs usines en Europe » - Le Monde.fr

Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail