La vision britannique et la vision continentale de l’Europe s’opposent

Humeur n°164 -
Mardi 05 Mai 2015 - Jean-Louis Guigou

La Commission Européenne ouvre un large débat sur le devenir de la politique de voisinage. Vis-à-vis des Pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée et vis-à-vis des Pays de l’Est (Biélorussie, Ukraine, Caucase, etc…).

Trois motifs justifient l’ouverture de ce débat :
- Le terme de voisinage est contesté au Sud et à l’Est, car il renvoie à la vieille conception centre/périphérique ou donnant/donné.
- L’Europe, en récession, n’est plus en mesure d’imposer cette vision.
- Par ailleurs, il convient de plus en plus de différencier d’une part les PSEM et d’autre part les Pays de l’Est. Ni l’histoire, ni la géographie, ni le destin ne permettent de les assimiler.
- La nouvelle Commission et le nouveau Parlement recherchent des idées nouvelles.

L’ouverture donc du débat sur le devenir de la PEV est l’occasion de poser la question centrale : quelle est la vision de la place de l’Europe dans le monde

Il y a deux réponses : la vision insulaire britannique et la vision continentale des Français et des Allemands essentiellement.

La vision britannique est celle d’un imperium sur le monde globalisé, sans différenciation de proximité (géographique, culturelle et économique). Etre présent partout où se présentent des opportunités de commerce ; être présent partout et au même degré avec comme perspective le libre échange généralisé. Cette vision globalisée, impériale, indifférenciée, domine dans les instances européennes et M. Barroso s’était fait le porte drapeau des ALECA (Accord de Libre Echanges Complet et Approfondi) avec tous les pays sans distinction.

A l’opposé, la vision continentale des Français, Allemands et autres Européens est une vision régionale, territorialisée, qui consiste à privilégier ces voisins immédiats pour ensemble construire (CECA 1951 – UE 1957, etc…) une région territorialisée avec des préférences collectives, des normes convergentes, des politiques communes de régulation et des frontières communes (Schengen).

Ces deux visions de la place de l’Europe dans le monde :
- une vision insulaire globalisée et indifférenciée
- et une vision régionale et territorialisée de préférences collectives
s’opposent.

Le débat ouvert par la Commission Européenne sur le voisinage doit être l’occasion de trancher entre ces deux visions.

Le Parlement pourrait être saisi et pourquoi ne pas envisager un referendum européen ?

Pour ma part je suis un « Régionaliste » convaincu avec deux grandes Régions :
- Au Sud, la Région EMA – Europe – Méditerranée – Afrique
- A l’Est la Région Europe – Russie car il faudra bien construire Europe de l’Atlantique à l’Oural.

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