Le Grand Livre de l'Afrique s'écrit-il avec l'Europe ou avec les Chinois ?

Humeur n°223 -
Mercredi 26 Juin 2019 - Jean-Louis Guigou

Lors d’un débat à Europa Nova à l’occasion de la présentation par Nicolas Normand de son grand livre sur l’Afrique (1), je me suis posé la question suivante :

L’avenir de l’Afrique va-t-il s’écrire avec l’Europe ou avec la Chine ou avec les deux ?

1) La Chine en Afrique présente, des avantages de rapidité d’exécutions, des réalisations de projets, de leurs financements et des coûts avantageux. Elle surfe sur le développement du commerce Sud/Sud et cherche à s’assurer l’accès aux matières premières.

Mais elle génère dans son sillage l’endettement des pays africains, la corruption et la moindre qualité des ouvrages, notamment la médiocrité des infrastructures (cf le siège de l’IUA à Addis-Abeba !)

 

2) L’Europe a donc ses chances en Afrique en jouant la proximité (géographique, administrative, culturelle…), la complémentarité et la mutualisation des efforts pour faire face aux défis communs (réchauffement climatique, terrorisme, émigration)

D’autant plus, que la régionalisation progresse avec le compactage des chaînes de valeurs avec un pied en Europe et un pied en Afrique.

Déjà et depuis longtemps, l’Union Européenne (UE) est le premier investisseur en Afrique, le premier client, le premier donateur d’aides et la première source de remises des migrants en Afrique.

Enfin, face aux deux grandes zones d’influences privilégiées que constituent le G2 et leurs satellites, l’Afrique et l’Europe ont intérêt à se rapprocher et à constituer une nouvelle grande région mondiale.

 

3) Mais comment l’Europe peut-elle réussir en Afrique ?

  • Il faut une volonté politique en Europe et en Afrique

Il faut faire renaître un désir d’Europe en Afrique et réciproquement un désir d’Afrique en Europe.

Emmanuel Macron s’est déjà exprimé « Je veux arrimer les deux continents africain et européen à travers la Méditerranée… et créer un axe intégré Afrique/Méditerranée/Europe »

Jean Claude Juncker prône une Nouvelle Alliance.

La Chancelière souhaite un plan Marshall pour l’Afrique. Du côté africain, c’est plutôt le silence.

  • Il faut une rupture pour rompre avec l’ordre ancien et les déséquilibres dominants/dominés.

Rupture de comportement, rupture d’objectif, rupture de méthode.

  • Il faut des outils nouveaux pour remplacer les accords de Cotonou, trop axés sur les aides, le commerce et les conditionnalités.

4 outils ont fait leur preuve en Asie et entre les deux Amériques ! Une fondation, une institution financière internationale, un traité économique et une instance politique de concertation.

En plus, au niveau européen, il faudrait une PAC, une Politique Africaine Commune

  • Il faut passer des Aides Publiques à la création de projets utiles aux populations et aux administrations
  • Il faut, ensemble, contribuer à améliorer deux domaines stratégiques:
    • Améliorer la Gouvernance des Etats, les rétablir dans leurs autorités régaliennes, trop d’Etats africains sont affaiblis. Il faudrait comme pour les PECO établir des jumelages de Ministères (européens) à ministères (africains), d’administrations à administrations, de collectivités à collectivités.
    • Améliorer le climat des Affaires avec le PIE (Programme Investissement Extérieur) mis en place par Jean Claude Juncker. La création d’entreprises et la transformation sur place, en Afrique, des matières premières doit être encouragée.

Paraphant : François Mitterrand qui en 1957 parlait de la France en Afrique « Sans l’Afrique, l’Europe n’aura pas sa place dans le XXIème siècle »

 (1) Nicolas Normand « Le grand livre de l’Afrique » éditions Eyrolles 2019

 

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