L’industrialisation de la France est possible

Humeur n°219 -
Lundi 04 Mars 2019 - Jean-Louis Guigou

La presse a rendu compte de la publication du rapport annuel du Cabinet TRENDEO… (David Cousquer). La dominante est claire : l’industrie française a de nouveau souffert en 2018. Le déclin de l’industrie manufacturière semblerait inévitable.


Je récuse ce pessimisme ambiant (impôts, prélèvements sociaux, …) « Il n’y a pas de secteurs condamnés. Il n’y a que des activités mal organisées » aimait à répéter Jacques Chérèque qui fut notre Ministre de l’Aménagement du Territoire. Deux arguments, d’ordre géographique, justifient cette prise de position positive en faveur de l’industrialisation en France.


1- La création de clusters et d’écosystèmes, insuffisamment déployés sur le territoire national, constitue une bonne réponse.

Les faits sont là : MecateamCluster, réseau français spécialisé dans la conception, la réalisation et la maintenance d’engins de travaux ferroviaires (région du Creusot-Montceau), regroupe une centaine d’entreprises et partenaires publics et privés. Riche de sa plateforme technique de 12 hectares, équipée d’infrastructures mutualisées sur voies ferrées et embranchées au réseau SNCF et qui attire les donneurs d’ordre du monde entier, MecateamCluster booste les compétences de ses adhérents et 88 % des étudiants accompagnés avec Mecateamcluster trouvent un emploi. La Cosmetic Valley (chartre) donne également le visage de l’excellence : les 1500 adhérents, répartis sur le territoire national mais regroupés « géographiquement » par grands domaines d’excellence stratégique bénéficient d’économies extérieures abondantes (mutualisation de la formation, qualification de la main d’œuvre, disponibilité des services administratifs, start-up, laboratoires, prospections, ensemble de marchés extérieurs …). Son fondateur Jean-Luc Ansel, également Président de FranceClusters qui anime depuis 20 ans la « clusterisation » des territoires industriels français en témoigne régulièrement « Plus de 80.000 PME sont impliquées dans les clusters ; ce sont 80.000 entreprises qui innovent, se diversifient, créent des produits nouveaux et ancrent ainsi plus d’un million d’emplois sur nos territoires. »


Le Cluster Nogentech, historiquement spécialisé dans l’usinage des métaux et notamment des objets coupants, regroupe aujourd’hui 50 entreprises industrielles de Haute-Marne dont la plus grande forge automobile de France : Forges de Courcelles, groupe SIFCOR à Nogent, la plus grande forge aéronautique de France : Manoir Aerospace – forges de Bologne, groupe LISI à Bologne et la plus grande forge du médical d’Europe : Établissements Maurice Marle à Nogent.


Partout dans le monde, les clusters et les zones économiques spécialisées (à la chinoise) résistent et se développent.


La mondialisation impose la spécialisation des territoires. Le regroupement géographique par secteur des activités manufacturières, clusters, écosystèmes … est nécessaire pour survivre et se développer. Toutes les entreprises isolées sur le territoire seront par contre souffrantes et à terme condamnées.

 
2 – La coproduction Nord/Sud avec des pays proches géographiquement constitue un bon lifting pour les PME et les ETI.
L’internationalisation des entreprises, quelle que soit leur taille, est un facteur de dynamisme (innovation, niche, adaptabilité, productivité …).


En incluant dans leur chaîne de production des pays Sud et de l’Est de la Méditerranée alors qu’elles ne peuvent pas et ne savent pas aller trop loin en Chine et aux Etats Unis - les PME et ETI peuvent avec des partenaires Méditerranéens et Africains de trouver dans ces pays Sud Méditerranéen des partenaires qui eux aussi recherchent la complémentarité avec des entreprises de la rive Nord. En coproduisant, les entreprises françaises adaptent leur production aux marchés locaux.


Un nouvel espace économique est en train de naître dans la Méditerranée Occidentale.


Le Sommet de Chefs d’Etat du 5+5 à Marseille le 24 juin 2019 devrait en sécuriser la Vision et tout mettre en œuvre pour accélérer cette intégration.


Dans cette coproduction Nord/Sud avec partenariat, transfert de technologie et partage de valeur ajoutée, les entreprises françaises pourraient se rajeunir et se redynamiser comme avec un lifting…


En somme, la création de clusters en France et la coproduction avec des partenaires de la rive Sud de la Méditerranée et demain avec l’Afrique, constituent deux motifs d’être optimiste sur les possibilités de garder en France un tissu industriel dynamique de PME et ETI.

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