Pourquoi faut-il continuer à se battre pour le rapprochement des deux rives de la Méditerranée ?

Humeur n°149 -
Mardi 09 Septembre 2014 - Jean-Louis Guigou

Finies les années euphoriques 2008-2010, celles nées du Sommet des chefs d'Etat des PSEM[1], à Paris, le 13 juillet 2008. Les révolutions dans les pays arabes de 2011-2012 et l'amplification des désordres au Proche-Orient ont changé la donne à court terme.

Dans une note à IPEMED consacrée au commerce euro-méditerranéen, Jean-Louis Rastoin[2]  propose l'analyse suivante :
"Sur le fond, il y a un énorme problème d'insécurité et d'instabilité dans la zone, et en même temps une croissance due à la démographie et à la formation d'une classe moyenne qui constitue le terreau du capitalisme mondialisé, avec ses besoins en infrastructures et en biens de grande consommation. Les multinationales sont déjà dans les PSEM et n'ont besoin de personne pour leur business. Par contre, elles risquent de ne pas apporter le développement local qui dépend de la création de clusters et de filières de PME et TPE. Il faut travailler à la création de success stories "territorialisées" (coproduction) là où c'est possible, Maghreb en premier lieu.

A IPEMED nous pensons que le Maghreb peut devenir le Mexique de la France et de l'Europe et bénéficier du mouvement de relocalisations en provenance de la Chine (Lire à ce sujet la tribune de Jean-Louis Guigou dans Le Monde daté du 09-09-2014). Des tendances lourdes confirment l'intérêt que la France et l'Europe doivent porter aux PSEM.

1.    L'Union Européenne conserve de solides positions commerciales dans la région méditerranéenne avec 10% de son chiffre d'affaires à l'export extracommunautaire dans les PSEM (225 milliard USD) et 8% de ses importations (200 milliard USD)
2.    Le sondage de la Fondation Anna Lindh[3]   confirme la convergence des valeurs sociales, politique culturelle et le rapprochement à l'Europe. L'Europe a des alliés dans les PSEM (classe moyenne, intellectuels, professions libérales, …).
3.    La nouvelle stratégie du commerce international renforce les liens de production entre pays proches et de niveau de développement différent. C'est la coproduction avec pour composantes :
        a.    Remplacer l'échange de biens pour le partage des compétences,
        b.    Valoriser la proximité et le partenariat
        c.    Partager la valeur ajoutée entre co-producteurs
        d.    Accroître les importations pour accroître davantage les exportations (règle des 20% - 40% - 60% de produits importés dans les exportations).

IPEMED recense et analyse de nombreux cas de coproduction, dont les résultats seront présentés à Sousse (4 et 5 décembre 2014) ainsi que le nombre d'entreprises internationales qui adoptent le zonage EMEA (Europe Méditerranée, Afrique).
4.    La carte des échanges facebook montre la grande intégration des PSEM (hormis la Syrie et la Libye) et surtout du Maghreb dans l'espace euro-méditerranéen[4]  
5.    L'augmentation constante des mariages mixtes depuis 20 ans (qui ont triplé en 20 ans, malgré une légère baisse ces dernières années).

Nos sociétés Europe/Maghreb sont de plus en plus imbriquées et les intérêts du Nord (production de qualité, recherche de levier de croissance, etc…) rejoignent les intérêts économiques des pays de la rive sud (création d'emplois pour les jeunes, développement du secteur privé).


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[1] PSEM : Pays du Sud et de l'Est de la Méditerranée (Algérie - Egypte - Israël - Jordanie - Liban - Lybie - Maroc - Palestine - Tunisie - Turquie)
[2] Jean-Louis Rastoin, Professeur émérite - Montpellier SupAgro - Expert IPEMED
[3] Sondage Anna Lind
[4] IPEMED palimpsestes N ° 7 – la confiance dans la société numérique, Laurent Gille, Wahiba Hammaoui, Pierre Musso, IPEMED, Paris, 2011h

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