Repenser l’action publique dans le temps long et dans les territoires

Humeur n°233 -
Lundi 04 Mai 2020 - Jean-Louis GUIGOU

 

L'Humeur de Jean-Louis GUIGOU

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Repenser l’action publique 
dans le temps long et dans les territoires


 

 

Un ami africain m’a récemment déclaré « en France, vous avez les impôts de la Finlande et les services publics du Mali ». C’est exagéré. Mais depuis de nombreuses années, je préconise, en France, de changer les horloges.

En ce qui concerne le temps, il nous faut passer du temps court, de l’immédiateté, au temps long, à l’anticipation, la prévision, la planification, la prospective… La France est malade de son manque de prospective, le Covid-19 l’en a informée. On ne sait pas où on va. Or, un peuple n’avance pas s’il ne sait où il va…

 

En ce qui concerne l’espace, il y a une déconnection totale entre l’espace de décision – Paris, le Gouvernement prenant des décisions nationales – et les territoires locaux où vivent les populations. Il nous faudrait réserver uniquement au territoire national les grandes décisions nationales (santé, défense, sécurité, services publics…) et au niveau local (Région, département, intercommunalité) tout ce qui concerne l’adaptation de ces lois et règlements à la vie locale (ouverture et fermeture des écoles, santé, hôpitaux, emploi, tourisme, culture etc… Il faut respecter les spécificités territoriales qui sont le garant de la cohérence et de la volonté du vivre ensemble.

 

Pour assurer une équité territoriale entre les territoires riches et les territoires pauvres, l’État, comme en Allemagne, devrait imposer une péréquation avec une fiscalité spécifique horizontale prélevant dans les territoires nantis (Neuilly, la côte d’Azur…) au profit des territoires démunis (le 93, Saint-Denis, etc…).

 

Face au Covid-19, il nous faudrait faire un double effort :

- d’une part élargir l’échelle du temps et voir l'État renouer avec la prospective, le temps long, la planification, les prévisions et réintroduire le temps long dans les politiques publiques ;

- d’autre part, davantage prendre en compte les différenciations entre les territoires pour les questions de vie quotidienne et ainsi régionaliser certaines politiques publiques (l’exemple de la Sécurité sociale, en Lorraine).


Un même règlement pour des espaces si différents, c’est contre-productif et cela génère défiance et mécontentement. Le moment est venu de responsabiliser les populations ainsi que les élus locaux et régionaux au sein de leurs territoires respectifs de vie quotidienne.

 

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