Une grande épopée pour la France et pour l’Union européenne : Cap au Sud

Humeur n°141 -
Mercredi 11 Juin 2014 - Par Jean-Louis Guigou

Georges Corm, ancien ministre, membre du Comité d’Orientation Politique d’IPEMED a publié le 9 juin, un bel article dans le Monde, intitulé « L’avenir de l’industrie européenne se trouve sur la rive sud de la Méditerranée ». Ce papier nous invite à élargir nos champs de vision.

Deux constats tout d’abord s’imposent.

La globalisation économique des années 80, avec ses délocalisations industrielles massives des pays anciennement industrialisés- essentiellement l’Europe Occidentale et les Etats-Unis vers les pays émergents à bas coûts «semble marquer une pause» (G.Corm).

L’extension à l’Est de l’influence économique et politique de l’Union européenne bute sur l’«Ours Russe»- en Ukraine et Biélorussie.
Partant de cela, l’Union européenne n’a plus qu’une possibilité «Mettre le Cap au Sud » et créer la grande Région de solidarité et de co-production englobant l’Europe-la Méditerranée et l’Afrique : la Région EMEA comme la dénomment les chefs d’entreprise qui considèrent cette région comme la zone d’expansion du XXIème siècle, ou la « Verticale » comme l’appelle IPEMED.

1/ Pourquoi construire la Grande région EMEA- la Verticale : Europe-Méditerranée-Afrique ?
-    Pour exploiter ou valoriser les atouts de la complémentarité et de la proximité : tout ce qui manque à l’Europe - la jeunesse, les marchés, l’énergie - on le trouve au Sud. Et réciproquement tout ce qui manque au Sud- la Gouvernance, les technologies, les normes, on le trouve au Nord ;
-    Pour «sortir les économies européennes toujours languissantes» (G Corm) et profiter des désillusions asiatiques en réindustrialisant ensemble l’Europe et ses voisins du Sud Méditerranéen et Africain ;
-    Pour aborder, ensemble la troisième révolution industrielle (Jeremy Rifkin) à base d’énergies renouvelables et de numérique qui donne des avantages comparatifs incontestables aux pays ensoleillés (Méditerranée et Afrique) ;
-    Pour rivaliser avec l’Amérique du Nord qui joue la carte de « son » sud, et de la Chine et du Japon qui jouent, eux aussi, leur régionalisation Nord/Sud ; Pourquoi donc l’Europe ne jouerait- elle pas « sa » carte africaine ?
-    Pour répondre aux attentes de la large majorité de l’opinion publique des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée qui souhaitent un ancrage à l’Europe 2013 (lire à ce sujet le sondage de la Fondation Anna Lindh),
-    Pour valoriser la francophonie et parce que la francophonie - avec 500 millions d’Africains qui sont francophones- constitue un réel atout.

2/Comment  « aller » vers le sud et proposer une nouvelle alliance ?
-    En changeant de regard, d’attitude, de logiciel. Les Révolutions au Sud exigent des révolutions mentales au Nord.
-    En valorisant les diasporas qui sont un levier extraordinaire pour renouer les liens.
-    En changeant de paradigme, passant du modèle court termiste et commercial-(import/export)- fondé sur des accords de libre échange, à un modèle d’intégration en profondeur par la production (co-production),  ainsi que le firent les Japonais avec les Dragons et les Tigres après la guerre et ainsi que le firent les Allemands avec les PECO après la chute du mur de Berlin.
-    En offrant une perspective historique et à long terme aux pays de la région.
Au-delà de l’économie, quel avenir institutionnel ? Quelle alliance ? Comment partager ensemble une vision historique, un même destin à long terme ?
-    En faisant du développement durable et de la RSE un principe fondamental pour construire sur le long terme, d’autant plus que les natures dans ces pays y sont fragiles.
-    En soutenant le Création d’une Fondation «  La Verticale » Europe/Méditerranée/Afrique, qui serait le lieu permanent où les scientifiques, intellectuels et élites se mobiliseront.

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