La cogestion est-elle pour bientôt ?

Humeur n° -
Jeudi 26 Avril 2012 - Agnès Levallois
Le président tunisien
Moncef Marzouki reçu
par son homologue
algérien Abdelaziz
Bouteflika le 12 février.
Pour remédier à l’asymétrie de la relation Nord-Sud, il est urgent de la reconstruire sur une base multilatérale en y intégrant la Turquie.

Si la Méditerranée est la grande absente de la campagne électorale en France (comme la politique étrangère d’une façon générale), les relations entre l’Europe et les pays de la rive sud de la Méditerranée ne cessent d’interpeller. Ainsi, Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des Affaires étrangères, après avoir été l’envoyé spécial de l’Union européenne au Proche-Orient pour le processus de paix israélo-palestinien, s’est exprimé récemment sur le devenir de ces liens estimant qu’il fallait réfléchir à un nouveau cadre institutionnel pour le Bassin méditerranéen. Selon lui, il faut garder la mémoire de ce qui a déjà été fait mais l’approche doit changer radicalement car les instruments utilisés jusque-là ne permettent pas d’aborder le futur de la Méditerranée. Il estime que les différentes structures, que ce soit l’initiative du 5+5, idée lancée par le ministre italien des Affaires étrangères en 1990, ou le processus de Barcelone, qui avait l’ambition de prendre en compte la globalité de la question méditerranéenne ou l’Union pour la Méditerranée lancée en 2005 par la France qui reposait sur une vision politique avec des projets concrets mais avec un déficit de leadership se sont révélées être une coquille vide, vide de réalité politique.

RISQUE

À partir de ce constat, comment remédier à l’asymétrie grave de la relation Nord-Sud, comment revoir ce partenariat imposé par le Nord à des acteurs en manque de légitimité politique? C’est le défi qui se pose alors que les pays du Sud ont connu une nouvelle indépendance et disposent d’une légitimité démocratique. Pour reprendre l’expression d’Edgar Morin, l’improbable s’est imposé. Si l’Europe n’est pas à la hauteur de ces enjeux, les regards risquent de se tourner vers les pays du Golfe au détriment de l’ambition maghrébine et des relations euro-méditerranéennes. Les efforts du président tunisien suffiront-ils à redonner vie à l’Union du Maghreb arabe?

Il est indispensable de reconstruire la relation sur une base multilatérale en intégrant la Turquie, véritable locomotive, pour laquelle il y a une forte demande dans la région. L’Europe doit comprendre que les pays du Sud ne regardent pas que vers le Nord mais aussi vers l’Est et le Sud. Dès lors, il convient de travailler ensemble pour une meilleure prise en compte des aspirations de chacun. L’heure d’une cogestion de la Méditerranée est-elle arrivée?
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