Égypte: L’heure de vérité

Humeur n° -
Mardi 04 Décembre 2012 - Agnès Levallois
Le président Mohammed Morsi vient de s’arroger tous les pouvoirs. Les Égyptiens sont inquiets. L’Europe, elle, lui demande de respecter ses engagements et le processus démocratique. L’heure du choix est imminente.

Que se passe t-il en Égypte? Le président Mohamed Morsi a mis le feu aux poudres en annonçant le limogeage du procureur général, Abdel Meguid Mahmoud.
En s’arrogeant tous les pouvoirs, il a suscité l’inquiétude d’une partie des Égyptiens qui se sont mobilisés pour exprimer leur rejet de cette forme d’autoritarisme.
Cette décision est intervenue au lendemain de son succès sur la scène diplomatique après avoir négocié un cessez-le-feu entre Israël et les Palestiniens et reçu les félicitations de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton. Si cette victoire redonne au Caire un rôle central qu’il n’avait plus ces dernières années, les avancées sur le plan intérieur sont des plus limitées, particulièrement sur le plan économique, là où les attentes des citoyens sont fortes.

Aide internationale à la clé

Dans ce contexte, l’accord tant attendu et sans cesse reporté entre le FMI et l’Égypte a été annoncé et apportera une bouffée d’oxygène. Il porte sur près de 5 milliards de dollars et doit venir en support du programme égyptien 2013/2014. Selon le chef de la mission du FMI qui a négocié l’accord, la réforme des finances publique sera la «clé» de ce programme mais elle passera par ce que les Égyptiens redoutent le plus, à savoir la baisse des subventions au prix de détail de l’énergie. Même s’il est prévu un filet social pour atténuer la charge de ces décisions sur les populations les plus vulnérables, cette mesure est risquée. Les récentes manifestations en Jordanie sur ce sujet l’ont bien montré.

Le soutien de l’UE est essentiel ainsi que l’approbation d’un ­programme d’aide financière de 5 milliards d’euros, une somme bienvenue dont le versement et l’affectation seront étalés entre 2012 et 2014. Mais après la concentration des pouvoirs entre les mains du seul président de la République, les Européens lui ont demandé de tenir les engagements, à savoir la séparation des pouvoirs, l’indépendance de la justice et l’ont appelé à respecter «le processus démocratique».

L’heure de vérité approche donc pour le raïs car une majorité d’Égyptiens attend qu’il relève les énormes défis économiques et sociaux qui se posent au pays. Il a besoin de l’aide internationale et doit éviter de provoquer une partie de ses concitoyens par des mesures qui rappellent l’autoritarisme contre lequel ils se sont élevés il y a près de deux ans.
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