De l’importance d’une coopération renforcée en santé

Humeur n° -
Jeudi 16 Juillet 2015 - Macarena Nuño, IPEMED's project officer

Améliorer l’accès à des soins de santé de qualité pour tous au moindre coût, dans un contexte de ressources financières, voir humaines, restreint : voila l’équation que les pays du Nord et du Sud de la Méditerranée sont contraints d’y résoudre.

Les transitions démographiques, épidémiologiques, organisationnelles et démocratiques en cours poussent les pays du Maghreb à mettre en place des reformes structurelles importantes. La crise économique et sociale, la lente reprise de la croissance, la diminution du nombre d’actifs couplée avec le vieillissement de la population, obligent les pays du Nord de la Méditerranée (surtout les pays de l’Europe du Sud) à questionner leur modèle également.

Le renforcement des coopérations dans la région, et plus particulièrement en Méditerranée occidentale, peut contribuer à trouver des réponses communes à des défis partagés. C’est tout l’intérêt du Dialogue 5+5, cadre informel de coopération lancé en 1990, qui prend de l’ampleur ces dernières années peut-être en raison de sa souplesse et de l’implication d’un nombre plus restreint des pays (5 pays du Nord : Portugal, Espagne, France, Italie, Malte et 5 du Sud : Mauritanie, Maroc, Algérie, Tunisie, Libye), par rapport à d’autres dynamiques régionales à l’œuvre.

Dans le domaine de la santé, le Dialogue 5+5 n’est pas encore officiel – pas de réunion des Ministres sectoriels concernés-, mais cela n’a pas empêché les agents ministériels locaux de se réunir, de partager un diagnostic, d’identifier des sujets d’intérêt commun et de commencer les échanges d’expériences. Histoire de préparer le terrain et être prêts pour le lancement de cette nouvelle coopération ; ce qui ne devrait pas trop tarder.

Production et législation du médicament et, plus concrètement, du générique, pharmacovigilance, innovation et biotechnologie médicale, sécurité sanitaire et, bien sûr, financement des systèmes de santé et mise en place d’une couverture sanitaire universelle sont quelques uns des sujets mis en avant.

Et cela urge, car en attendant la formalisation de cette coopération, les pays cherchent des succes stories ailleurs. Pour preuve, le symposium international sur la couverture sanitaire universelle organisé par le Maroc en mars dernier. Deux jours d’échange pour réfléchir aux améliorations du dispositif RAMED (régime d’assistance médicale pour les populations démunies), trois ans après sa généralisation. Et comme intervenants, aux cotés des organisations internationales (OMS, UE), des experts du Brésil, de la Thaïlande, de la Turquie et du Mexique qui présentent des expériences pouvant amener à une prise en charge des malades différenciée en fonction des ressources, avec un panier de soins restreint. Une santé à deux vitesses en quelque sorte.

Etant donné les défis à relever, les similarités des systèmes de santé maghrébins et les complémentarités qui pourraient être développées en Méditerranée occidentale, une coopération renforcée dans le domaine de la santé couplée avec une volonté politique forte pourrait aboutir à des systèmes de santé refondés, davantage solidaires, permettant une prise en charge de qualité et une égalité dans l’accès aux soins pour tout au moindre coût.

Retrouvez tous les articles "Reflexions" sur le site d'Econostrum

Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail