DES PROJETS, OUI, MAIS AVEC QUEL ARGENT ?

Humeur n° -
Samedi 01 Janvier 2011 - Akram Belkaid, conseiller éditorial d’IPEMED
Les écrits et les discours, nombreux, parfois stériles, sur l’avenir de la région méditerranéenne prennent souvent la forme d’une liste sans fin de besoins et, par conséquent de projets destinés à y répondre. Ici, c’est le pharaonique Desertec avec ses centrales solaires disséminées dans le Maghreb qui fait rêver à une énergie disponible ad vitam æternam. Là-bas, ce sont des batteries d’unités de dessalement d’eau demer couplées à des centrales nucléaires qui font figure de solution d’avenir. En unmot, les idées sont sur la table et les solutions largement identifiées pour permettre le décollage économique définitif des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Psem).

L’IDÉE D’UNE BANQUE RÉGIONALE

Il reste bien sûr la question essentielle du financement. Le plus paradoxal dans l’affaire est que les avis sur ce thème demeurent versatiles. L’investissement direct étranger (ide) a longtemps fait figure de solution miracle. Mais crise économique oblige, son étoile a quelque peu pâli tandis qu’étaientmises en évidence d’autres pistes comme l’utilisation de l’épargne locale et des transferts financiers des diasporas. Problème, cette manne, pourtant importante – au Maghreb, les remises des migrants atteindraient les 10 milliards de dollars annuels – est difficilement mobilisable par des secteurs bancaires et financiers plus ou moins archaïques.

Émerge dès lors l’idée d’une banque régionale, l’équivalent d’une « Berd méditerranéenne », qui pourrait à la fois collecter l’épargne locale et la transformer en capitaux à long terme pour des projets dûment sélectionnés. Une banque, financée par des capitaux privés, dont l’action et l’influence pourraient contribuer à la modernisation des environnements financiers nationaux. Pour autant cette banque régionale continue à faire débat. Mais là, n’est peut-être pas l’essentiel car toutes ces pistes reposent sur le postulat suivant : les Psemn’ont pas besoin d’une aide financièremassive en provenance du Nord. Prétendre cela, c’est tout demême oublier que l’Europe du Sud, Espagne et Grèce en tête, n’aurait jamais atteint son stade de développement actuel sans les fonds structurels européens.

DOUBLE LEVIER

C’est oublier aussi à quel point la contrainte de l’acquis communautaire peut s’avérer bénéfique pour des pays qui hésitent à mener des réformes. Mais évoquer ce double levier des fonds structurels et de l’acquis communautaire est bien hasardeux car cela revient à aborder la question, devenue taboue pour ne pas dire anachronique, de l’adhésion des pays du Sud de la Méditerranée à l’Union

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