La colocalisation: Une opportunité pour l’Algérie

Penser, promouvoir et partager le concept de colocalisation nécessite l’adhésion et l’engagement de tous. Aussi, il convient que, dès l’origine, cette nouvelle démarche puisse prendre appui sur un socle collectif, «un horizon de sens», commun à l’ensemble des acteurs. Pour cela, la colocalisation doit être perçue comme un outil stratégique permettant la construction d’une prospérité partagée. À une interdépendance vécue comme une contrainte elle devrait permettre d’y substituer une interdépendance vertueuse, au profit de chacun. L’intérêt de la démarche est de contourner l’écueil qui est de ne percevoir dans la colocalisation, en ces temps de crise, qu’une énième tentative de réaménagement à la marge des rapports économiques dans la zone. Stratégie qui, évidemment, serait au bénéfice de la rive nord.

Pour un pays comme l’Algérie, aujourd’hui marginalement intégré dans la division internationale du travail, la colocalisation peut être une opportunité. L’enjeu est d’accompagner et de faciliter la mutation de l’économie algérienne du statut de fournisseur traditionnel d’énergie et de matières premières à un rôle d’acteur économique et industriel intégré dans le processus de régionalisation-globalisation. Ainsi, après avoir raté le rendez-vous de la délocalisation, il lui faudra sauter dans le train de la colocalisation. À cette fin, l’Algérie avec la profondeur stratégique de son marché, ses ressources et potentiels énergétiques, a des atouts. Elle peut aussi en faire valoir de nouveaux : l’existence d’un personnel formé et qualifié dans des domaines recherchés (ingénierie, informatique), des ressources financières qui en font un des pays les mieux dotés de la région, enfin, une capacité et une volonté des entreprises publiques (Sonatrach) et privées à investir ou avoir accès aux économies et marchés de la rive nord. À partir du moment où un horizon de sens partagé et des perspectives communes et solidaires existent, la colocalisation, sur le plan macro, peut constituer un puissant levier afin de procéder à la réforme du cadre réglementaire local. Sur le plan micro, elle peut participer à dynamiser, organiser en filières et en clusters les entreprises locales et rendre le tissu entrepreneurial algérien plus performant.

Outre l’engagement des acteurs institutionnels, cela nécessite un travail pédagogique en direction du monde de l’entreprise. Sensibiliser et mobiliser ceux qui seront, au quotidien, les artisans de la colocalisation : les entrepreneurs et les entreprises. Expliquer en quoi, pour eux, s’insérer dans cette stratégie est une opportunité. Il convient de rappeler que l’économie algérienne est constituée à 94% de pme du secteur privé.

Pour ces raisons, la colocalisation peut permettre à l’Algérie de renégocier les formes et les caractéristiques de sa position et de son rôle dans le processus de régionalisation-globalisation.