La sécurité alimentaire, priorité du groupe 5+5

Humeur n° -
Mardi 20 Mars 2012 - Amal Chevreau et Jean-Louis Rastoin.
Les pays du sud de la méditerranée sont dans une situation d’insécurité alimentaire majeure. Quels mécanismes mettre en place pour y remédier ? Le groupe 5+5 se mobilise.

Un séminaire du groupe 5+5 portant sur la sécurité alimentaire a eu lieu les 6 et 7 février 2012 à Alger, confirmant la volonté des dix pays de ce groupe d’ériger ce sujet en priorité régionale et d’apporter des solutions à la situation d’insécurité dans laquelle se trouvent les pays de la rive sud. À titre d’exemple, l’Algérie et le Maroc figurent parmi les plus gros importateurs de céréales au monde. En 2008, le Maroc, l’Égypte et l’Algérie ont importé pour 20 millions de tonnes de céréales, soit l’équivalent de l’UE et de l’Amérique du Nord réunies(1). Les pays de la région les plus déficitaires en production céréalière sont l’Algérie (1,4 milliard de dollars), le Maroc (825 millions) et la Tunisie (570millions) sachant que le Maroc et l’Algérie ont multiplié leurs importations nettes de céréales par 20 entre 1965 et 2005. Par ailleurs, la facture alimentaire des pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée a augmenté de 50% en 2008 et 2011 par suite de la volatilité des marchés(2).

Les recommandations

Quatre thèmes ont fait l’objet de recommandations pour les actions à mener et les mécanismes à mettre en place:

1.         l’optimisation de la production agricole domestique à travers une gestion durable des ressources naturelles locales par les agriculteurs; l’accroissement des investissements, la sécurisation des investissements des agriculteurs contre les risques naturels et économiques, ainsi que la valorisation des produits méditerranéens;

2.         le développement des territoires ruraux, notamment par l’augmentation de la capacité des exploitants et des communautés rurales à faire face au changement climatique, l’amélioration et la revalorisation de l’emploi rural ainsi que l’organisation des filières (coopératives, circuits courts) ;

3.         le renforcement de la coopération scientifique et technologique entre les organismes de recherche des pays du 5+5 pour la mise en valeur des échanges de produits agricoles. Il a été recommandé d’établir une cartographie des complémentarités en termes d’offre et de demande de produits alimentaires;

4.         la promotion du partenariat public-privé et privé-privé en matière de recherche, d’innovation et de transfert de technologies, ainsi que par la création d’un cadre financier favorable au développement des investissements à travers l’allégement de la fiscalité, l’accès au crédit pour les petits agriculteurs et les femmes entrepreneurs.

 

Les principes adoptés

Les recommandations renvoient à l’adoption de quatre principes pouvant constituer les fondements d’une politique commune de sécurité alimentaire. Il s’agit de:

1.         la promotion du principe de souveraineté alimentaire des pays avec comme corollaire l’augmentation de la production des aliments de base par l’innovation technique et la recherche et développement pour atteindre un meilleur niveau d’autosuffisance. Et ainsi, contribuer au développement rural durable;

2.         l’exploitation de la complémentarité euro-méditerranéenne au plan économique et commercial, scientifique et de la formation pour faire émerger des coopérations inter-entreprises, permettant des transferts d’innovation et d’apprentissage;

3.         la promotion commune d’un modèle de production alimentaire et agricole alternatif fondé sur l’exploitation des atouts de la proximité et de la diète méditerranéenne;

4.         la nécessité d’œuvrer ensemble pour une plus grande régulation des marchés avec la perspective de gérer en commun des stocks régulateurs.

Afin de suivre la mise en œuvre des propositions, les participants ont recommandé la création d’un observatoire régional de la sécurité alimentaire, que l’Algérie se propose d’héberger, et d’un groupe de travail spécifique sécurité alimentaire au sein de l’UMA dont les propositions seraient examinées par les ministres du groupe 5+5.


Télécharger sur notre site :

1. Edward Aoun et Amal Chevreau, «La situation céréalière en Méditerranée», Palimpsestes n°9, Ipemed, Paris, septembre 2011.

2. Jean-Louis Rastoin et Foued Cheriet, «La sécurité alimentaire en Méditerranée : un enjeu stratégique majeur», Les Notes d’Ipemed, n°6, janvier 2010.

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