LE MARCHÉ INTÉRIEUR, UNE PISTE POUR LA MÉDITERRANÉE DU SUD

Humeur n° -
Mardi 22 Septembre 2009 - Akram Belkaid, journaliste et conseiller d’IPEMED
La crise ? Mais quelle crise ? En analysant les performances des trois principaux pays émergents (Brésil, Inde et Chine), on se rend compte qu’ils afficheront tous des résultats à faire pâlir d’envie la presque totalité des nations industrialisées. Ainsi, le taux de croissance du PIB chinois devrait atteindre 8% en 2009 contre 6% pour celui de l’Inde et 3% pour le Brésil.

Au-delà du récent débat sur la pertinence du produit intérieur brut en tant qu’indicateur fiable et pertinent, ces chiffres méritent réflexion du côté des rives Sud et Est de la Méditerranée. En premier lieu, il faut d’abord convenir que le cas chinois doit-être examiné avec beaucoup de prudence car la bonne tenue de l’économie est due en grande partie à un gigantesque plan de relance de près de 400 milliards d’euros dont une conséquence négative est d’alimenter la spéculation, qu’elle soit boursière ou immobilière sans oublier de fréquentes distorsions sur les marchés de matières premières.

A l’inverse, l’Inde et le Brésil ont clairement fait le pari de la consommation au lieu de tout miser sur l’investissement. Si l’économie indienne est en forme, elle le doit ainsi à la robustesse de sa demande intérieure sans oublier le fait que son système financier a su se préserver, en s’isolant, des excès et dérives des grandes places mondiales telles que New York ou Londres. Contrairement à la Chine, l’Inde est un pays qui dépend peu des exportations, ces dernières ne représentant que 15% de son économie. Cette importance du marché intérieur et de la consommation sont en outre un argument de poids pour attirer les investisseurs étrangers. De son côté, le Brésil, a lui aussi joué la carte du soutien au marché intérieur pour encaisser la crise avec notamment des politiques d’incitation fiscale en faveur de l’automobile et de l’électroménager. Et la Banque centrale brésilienne a veillé à ce que les entreprises locales puissent répondre à la demande en irriguant le marché du crédit de façon à prémunir l’activité contre tout défaut de financement.

Les deux exemples indien et brésilien devraient donc contribuer à une réflexion à propos du paradigme des exportations à tout prix dans lequel s’enferment nombre de pays du sud-méditerranéen et cela, le plus souvent, au détriment des marchés intérieurs. Certes, l’intégration au commerce international est, le plus souvent, synonyme de création de richesses et de renforcement des réserves de change mais il a suffit qu’une crise d’ampleur inhabituelle vienne désorganiser l’économie mondiale pour que même les dirigeants chinois finissent par admettre qu’il est plus que temps pour le pays de songer enfin à adosser la machine économique sur la consommation intérieure. Une évolution que les pays du sud et de l’est de la Méditerranée seraient bien avisés de prendre en compte.
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