Le poids du non-Maghreb

Humeur n° -
Mardi 13 Juillet 2010 - Akram Belkaïd
Le surplace de l’Union pour la Méditerranée (PpM) n’est certainement pas une bonne nouvelle pour l’avenir du Maghreb, même si nombre d’habitants et d’élites de cette région ne manquent pas d’insister sur le scepticisme que leur inspire ce processus. Sans une intégration économique avec l’Europe, l’Afrique du Nord risque fort de s’enliser et de disparaître des radars des investisseurs étrangers. Que ce rapprochement avec l’Europe s’appelle upm ou bien « 5+5 » ou encore « Barcelone 2 », il est à terme nécessaire pour ne pas dire vital.

Pour autant, cette nécessité ne saurait éluder la part de responsabilités des pays maghrébins dans les difficultés que rencontre leur région pour faire partie des zones émergentes. Pour plusieurs experts, l’urgence n’est pas tant dans un renforcement des relations économiques entre les deux rives de la Méditerranée que dans une meilleure intégration entre les pays maghrébins. A ce sujet, l’économiste franco-algérien El Mouhoub Mouhoud est catégorique. Pour lui, « le coût de la non-intégration nord-sud est inférieur à celui de la non-intégration sud-sud ». En d’autres termes, derrière les habituels discours et critiques sur la tiédeur de l’engagement européen dans le Sud de la Méditerranée se cache un problème plus important : celui du coût du non-Maghreb. Il n’est pas nécessaire d’avoir recours à une multitude d’études économétriques pour imaginer quel serait le dynamisme d’une région où serait garantie la librecirculation des personnes, des marchandises et des capitaux.

Une région dont les pays multiplieraient les projets d’infrastructures communes notamment dans l’énergie et les transports. Des projets qui, à l’image de centrales nucléaires partagées – éventuellement construites à cheval sur les frontières – créeraient autant de facteurs d’irréversibilité en matière de paix régionale et de développement. Une telle région gagnerait de un à quatre points de croissance supplémentaires sans compter l’effet induit par la libération des initiatives individuelles.

Immobilisme inadmissible

Dès lors, l’immobilisme politique qui affecte la construction maghrébine est incompréhensible pour ne pas dire inadmissible. La responsabilité des dirigeants, incapables de s’entendre une bonne fois pour toute afin de relancer l’Union du Maghreb arabe (uma), est évidente mais elle sert trop souvent à occulter d’autres responsabilités à commencer par celles des élites économiques du Maghreb.

Certes, le discours de ces dernières tend toujours à défendre la construction maghrébine mais, en réalité, leurs revendications sont bien timides et cachent trop souvent le fait que la fragmentation du Maghreb sert nombre d’intérêts égoïstes. Enfin, il serait temps que l’Union européenne adopte une position plus ferme et plus cohérente en exigeant de ses interlocuteurs maghrébins – comme elle le fait avec les pays du Golfe – qu’ils s’unissent enfin.

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