L’ENJEU SOCIAL EN MÉDITERRANÉE

Humeur n° -
Lundi 29 Novembre 2010 - Akram Belkaïd, journaliste et conseiller éditorial
Chaque automne, la publication du rapport annuel sur le développement humain du programme des Nations unies pour le développement (Pnud) fait grincer des dents au Sud de la Méditerranée. Cette année encore, la livraison, début novembre, de la vingtième édition de ce document, incontournable pour juger les progrès des pays à l’aune du bien-être de leurs populations, a déclenché nombre de polémiques.

Il faut dire que les classements ne sont guère flatteurs. Sur 169 pays concernés, la Libye est 53e, la Tunisie 81e, l’Algérie 84e, le Maroc 114e et la Mauritanie 136e. Des rangs qui font tout de même réfléchir quand on les compare, par exemple, à ceux des pays du Golfe avec une place de 32e pour les Émirats arabes unis, 38e pour le Qatar et 39e pour Bahreïn. Par contre, la comparaison avec les classements des années précédentes n’est guère possible, dans la mesure où le Pnud a modifié ses critères d’évaluation. Basé sur l’espérance de vie, le niveau d’étude et le revenu annuel par habitant, le rapport a aussi pris en compte des critères révisés, tels que les inégalités, la différence de situation entre hommes et femmes et, enfin, la pauvreté sous toutes ses formes.

TROP NÉGATIF

Mais pour nombre d’officiels maghrébins, ce classement est trop négatif et ne tient pas compte des progrès réalisés notamment en matière de lutte contre la pauvreté. Ils ajoutent aussi que le Pnud devrait être plus rigoureux pour ce qui est de la collecte de statistiques locales afin d’affiner ses évaluations. Ces réserves sont recevables car on ne peut ignorer les efforts déployés dans cette région pour améliorer le sort des populations. Et, de manière paradoxale, le rapport du Pnud les conforte en partie. Ainsi, il s’avère que la Tunisie a progressé dans les trois composantes du classement. De son côté, l’Algérie se classe à la neuvième place dans l’évaluation du développement humain entre 1970 et 2010 (un classement dont les dirigeants algériens disent qu’il est trop sévère). Quant au Maroc, il apparaît que ce pays fait partie des dix pays qui ont le plus progressé en matière de développement humain au cours des cinq dernières années.

DICHOTOMIE

D’où vient une telle dichotomie ? L’explication est simple. Cela signifie que les pays du Maghreb font certes des efforts mais que d’autres en font plus qu’eux. C’est le signe que la compétition mondiale ne se limite pas uniquement dans la stabilisation des grands équilibres macro-économiques ou dans les mesures incitatives pour attirer l’investisseur étranger. La hausse constante du niveau de vie et le renforcement des classes moyennes sont aussi un enjeu de même que l’amélioration des systèmes éducatifs. Et dans cette bagarre générale, il ne sert à rien de se reposer sur ses lauriers mais il faut faire en sorte d’être dans le peloton de tête.

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