LES PISTES POUR AMÉLIORER LA SÉCURITÉ ALIMENTAIRE

Humeur n° -
Lundi 26 Avril 2010 - Jean-Louis Rastoin
Dans le cadre de ses publications, IPEMED fait le point sur la sécurité alimentaire en Méditerranée, notamment dans sa rive sud, et énumère les stratégies pour améliorer une situation préoccupante.

Tous les exercices récents de prospective mondiale pointent, en effet, la région Afrique du Nord-Moyen- Orient (anmo) comme la plus déficitaire en termes de disponibilités alimentaires par habitant, avec une aggravation dans les décennies à venir.

TROIS DIMENSIONS

Du point de vue du consommateur, la sécurité alimentaire fait écho au « droit à l’alimentation » qui figure dans la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 et qui précise que les États et la communauté internationale doivent garantir à chacun un accès à une alimentation suffisante, de qualité et correspondant aux traditions culturelles locales. Or, si les pays du Sud et de l’Est de la Méditerranée (Psem) sont proches de maîtriser la sous-alimentation, il n’en va pas de même en ce qui concerne la qualité de ses aliments et la sauvegarde de son patrimoine culinaire.
Du point de vue de la production, dans l’ensemble du Bassin méditerranéen, il existe de fortes contraintes sur la terre, l’eau et les filières. À un potentiel foncier agricole limité du fait de la topographie (moins de 85 millions d’hectares cultivables, soit 6% du total mondial, dans la zone anmo), s’ajoutent des ressources hydriques insuffisantes et une pression urbaine, industrielle et tertiaire galopante. Cette situation sera aggravée par le changement climatique. Enfin, les filières alimentaires restent faibles en termes de structuration, de coordination et de performances techniques et économiques.
Du point de vue de la gouvernance, les Psem se caractérisent par une défaillance du système institutionnel : dispositif d’observation de terrain inachevé (ni statistiques de veille sanitaire, ni réseau d’information comptable agricole et agro alimentaire), absence de politique alimentaire et nutritionnelle, effacement des politiques agricoles après la période d’ajustement structurel (années 70-80), cadre règlementaire sur la qualité des produits incomplet ou peu appliqué, poids du secteur informel.
Les auteurs relèvent que les pistes d’action suggérées par les études sont guidées par un objectif de renforcement de la sécurité alimentaire régionale. Elles s’inscrivent dans une perspective de développement durable. Elles concernent :

• l’amélioration de la situation nutritionnelle par le frein mis à la progression du modèle occidental et la promotion d’un mode de consommation méditerranéen permettant la reconquête des marchés intérieurs et l’expansion internationale ;

• l’augmentation de la production alimentaire locale par un nouveau cadre institutionnel, l’innovation technique, organisationnelle et la formation. Une politique agricole et agroalimentaire, fondée sur le concept de filière, doit stimuler les acteurs économiques ;

• la mise en place d’une politique de co-développement euro-méditerranéenne dont le cadre serait l’Union pour la Méditerranée (upm) et qui comporterait un chapitre « sécurité alimentaire » fondé sur une logique de complémentarité et de proximité.

Note IPEMED N°6. La Sécurité alimentaire en Méditerranée : Un enjeu stratégique majeur. Auteurs : Jean-Louis Rastoin et Foued Cheriet.

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