Lier politique et économie pour sortir de la crise

Humeur n° -
Mardi 08 Octobre 2013 - Agnès Levallois
Lors d’un face-à-face entre
libéraux et islamistes sur un
campus tunisien, une étudiante
brandit une banderole prônant
la non-violence
Les gouvernements de transition se sont focalisés sur la gestion du politique, laissant de côté les questions économiques et sociales. Mais la démocratie ne peut pas exister dans un contexte de grave crise économique.

S’il est indéniable que la stabilité, la sécurité et la visibilité politique sont indispensables à la reprise de la croissance dans les pays qui ont connu des mouvements de contestation, il est risqué d’attendre que ce soit une réalité avant de réfléchir ensemble à quoi faire. Le constat est connu: un des problèmes majeurs est celui de l’emploi des jeunes, notamment des diplômés et des femmes, car il y a un fort décalage entre l’offre et la demande de travail. Les gouvernements de transition sont accaparés par la difficile gestion du politique au détriment des questions économiques et sociales, suscitant de ce fait une désillusion des populations qui ont les plus grandes difficultés à subvenir à leurs besoins. En fait l’économie et le politique devraient aller de pair: des institutions démocratiques ne peuvent se mettre en place dans un contexte de grave crise économique. Et c’est là où les institutions internationales peuvent favoriser les réformes structurelles avec l’émergence de structures transparentes qui donneraient la parole aux citoyens. Ces derniers s’exercent à ce droit obtenu en descendant dans la rue et ne sont pas prêts à le lâcher! Nous en voyons des manifestations tous les jours dans les rues du Caire ou de Tunis.

Un autre défi à relever est celui de l’intégration régionale. Les solutions individuelles, les coopérations bilatérales ne permettront pas d’aller de l’avant. Il est frappant de constater qu’en dépit de quelques avancées initiées par le président tunisien Marzouki, celles-ci sont restées pour le moment sans lendemain. De plus, la vigueur des échanges entre les Algériens et les Marocains n’a pas cessé. Cette intégration est vivement souhaitée par de nombreux acteurs, dont la Banque islamique de développement qui, par la voix de son président, appelle la communauté internationale à soutenir cette démarche afin d’inciter les investisseurs à revenir dans ces pays. Les récents changements politiques sont l’occasion d’accélérer cette intégration. Une entente Sud-Sud serait le meilleur moyen de permettre une renégociation d’accords avec l’UE qui, jusque-là, n’étaient guère favorables aux pays de la rive sud de la Méditerranée.

Seule une mobilisation de tous les acteurs pourra aider ces transitions qui connaissent de sérieux aléas, comme nous l’avons vu en Égypte au cours de l’été ou en Tunisie. Sans parler de la Syrie qui s’enfonce toujours plus dans la violence et vis-à-vis de laquelle la communauté internationale fait preuve d’une rare lâcheté.
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