L’URGENCE D’UNE COOPÉRATION MONÉTAIRE

Humeur n° -
Jeudi 28 Octobre 2010 - Akram Belkaïd, journaliste et conseiller éditorial
Alors que la reprise de l’économie mondiale tarde à se concrétiser, une nouvelle menace se profile. Il s’agit de la bataille des changes qu’une majorité d’experts redoute et contre laquelle le Fonds monétaire international (FMI) ne cesse de mettre en garde. De fait, de nombreux pays, à commencer par les États-Unis, sont décidés à user de la faiblesse de leur devise comme arme économique.

La stratégie est connue : une monnaie affaiblie permet de doper les ventes à l’étranger et donc de relancer l’activité et la création d’emplois. Une chute accrue du billet vert semble donc inéluctable et, avec elle, le retour de l’inflation. Bien entendu, les pays qui dépendent du commerce international et des exportations, c’est le cas de la Chine mais aussi des Tigres asiatiques sans compter les puissances émergentes d’Amérique latine, ne vont pas rester les bras croisés. Le Brésil, par exemple, se dit prêt à affronter la guerre internationale des monnaies. On ne saurait être plus clair.

LE FEU COUVE

Il ne faut pas se leurrer. La tempête annoncée n’épargnera pas la région méditerranéenne. Certains pays du Sud, très exposés à l’euro, vont subir de plein fouet l’appréciation de ce dernier par rapport au dollar et aux devises asiatiques. D’autres, plus dépendants de la monnaie américaine, vont encaisser la dépréciation de leurs réserves de change largement constituées de Bons du trésor étasuniens. Le feu couve et, pourtant, on ne sent venir aucune mobilisation.

Cela n’a rien d’étonnant car la coopération monétaire figure parmi les grands oubliés du processus euro-méditerranéen. Au début des années 2000, on s’attendait à ce que la création de la monnaie unique débouche sur un partenariat euro-méditerranéen en matière de change. Cette conviction était d’autant plus forte que l’Union européenne (ue) venait de conclure des accords de libreéchange avec des pays du pourtour sud et est de la Méditerranée. Las, dix ans plus tard, la gestion concertée des monnaies n’est toujours pas à l’ordre du jour. L’Union pour la Méditerranée (upm) pourrait agir dans le sens d’une plus grande coordination notamment entre Banques centrales. Certes, il existe déjà des contacts et des échanges entre ces institutions. Mais de l’avis des premiers concernés, il manque une feuille de route pour dresser les grandes lignes de la concertation monétaire en Méditerranée et pour éviter que la région ne soit ellemême ébranlée par une guerre des changes entre Psem décidés à défendre leurs exportations.

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