Mounir Fakhry Abdel Nour : En Égypte, la reprise du tourisme est sur la bonne voie

Humeur n° -
Mardi 11 Octobre 2011 - Agnès Levallois
Mounir Fakhry Abdel Nour. Ministre égyptien du Tourisme
Mounir Fakhry Abdel Nour vient de rencontrer les professionnels du tourisme au salon Top Resa, à Paris. Objectif : lancer une campagne publicitaire afin d’inciter les touristes à se rendre à nouveau en Égypte. À cette occasion, il nous a fait part de son optimisme quant à la reprise de cette activité, essentielle pour l’économie de son pays.

Quelle est la situation du tourisme aujourd’hui ?


Après l’une des périodes les plus difficiles qu’a connues le pays, la reprise est sur la bonne voie. Certes, le coup a été dur : suite aux événements de février qui ont provoqué le départ d’Hosni Moubarak,
le nombre de touristes a chuté de 80% par rapport à la même période de l’année précédente. Mais l’écart s’est progressivement réduit et il n’était plus qu’environ de 20% au mois d’août.
Nous considérons que d’ici à la fin de l’année, l’activité aura retrouvé le même rythme que celui d’avant la révolution.
Je suis optimiste car la paix, la sécurité et l’ordre règnent dans la vallée du Nil et au Caire, indépendamment des informations que véhiculent les médias. Les sites balnéaires sont en dehors des lieux où se déroulent parfois des manifestations.
Il faut changer la perception qu’ont les pays exportateurs de touristes et notamment la France. Les Français ont été parmi les plus frileux. La baisse du tourisme français en Égypte est en moyenne de 40%, un pourcentage bien plus élevé que celui des autres pays européens.

L’annonce des élections en novembre risque-t-elle d’inquiéter les touristes ?

Je ne vois pas en quoi les élections peuvent ou doivent inquiéter. Ni les manifestations ni les élections qui se déroulent en France préoccupent les touristes de passage dans le pays. Alors, pourquoi s’alarmeraient-ils d’une manifestation place Tahrir, au Caire, ou d’une élection législative qui a lieu pendant leur voyage ? Depuis le 25 janvier et jusqu’à ce jour, il n’y a eu aucun incident visant un touriste. De plus, en pleine révolution, dans l’épicentre même de la révolution, place Tahrir, des bannières disaient «don’t leave, we will protect you» (Ne partez pas, nous vous protègerons).
C’est dire combien l’Égyptien, qu’il soit révolutionnaire, contestataire ou simple citoyen, a conscience de la valeur du tourisme et du touriste. C’est une source de revenu pour l’Égypte et, pour l’Égyptien, une opportunité de travail.

Concrètement, quelles mesures prenezvous pour inciter les touristes à revenir ?


Nous continuons de tout faire pour expliquer la situation. Nous faisons des campagnes de publicité. Nous venons d’en lancer une, adaptée à la France avec le slogan «L’Égypte nous sourit, sourions lui
en retour». Nous avons invité une quarantaine de groupes de journalistes afin qu’ils constatent que la sécurité règne et qu’ils se rendent compte des possibilités que nous leur offrons : les nouveaux
sites, les nouveaux villages balnéaires.
Nous participons à toutes les foires régionales ou internationales. Nous créons également des événements. En septembre une manifestation s’est déroulée à Sharm El-Sheikh, les World Travel Award, pour récompenser les meilleurs acteurs du monde du voyage et du tourisme… Le 27 septembre, s’est tenue à Assouan la journée mondiale du tourisme sous l’égide de l’Organisation mondiale du tourisme. Le mois prochain, l’allée des Béliers sera inaugurée à Louxor. Nous encourageons également l’organisation de festivals à Sharm El Sheikh, à Hurgada. Enfin, la reprise de la croisière sur le Nil, entre le Caire et Assouan, est prévue avant la fin de l’année. Le signe que la sécurité règne.

Vous menez une politique offensive…

Une politique très offensive, car le tourisme est vital pour notre économie, c’est la plus grande source de revenus en devises étrangères. Elle représente 11% du pnb et emploie un travailleur sur sept. Il faut donc que l’activité reprenne et nous faisons tout pour cela.

Des grands projets d’investissement ont-ils été arrêtés ?

Aucun projet lancé avant janvier n’a été stoppé. Depuis, j’ai reçu énormément d’offres pour de nouveaux projets : dans les sites balnéaires (mer Rouge essentiellement) et pour créer d’autres aéroports.
Mais nous réfléchissons aussi à de nouvelles approches, comme le tourisme écologique, les Oasis, le désert blanc, le tourisme thérapeutique…

Quel est le principal défi que l’Égypte doit relever aujourd’hui ?

Combattre l’idée qui s’est installée dans l’esprit de la plupart des opinions publiques internationales : que la situation est instable et qu’il existe un risque à se rendre dans ce pays alors que tout est calme et que les Égyptiens attendent le retour des touristes !

Propos recueillis par Agnès Levallois

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