Nouvelle donne politique

Humeur n° -
Lundi 21 Novembre 2011 - Agnès Levallois
File d’électeurs
à La Manouba
(banlieue de  Tunis) le 23 octobre 2011.
Le mois écoulé a été riche en événements aussi bien en Tunisie qu’en Libye. Après sept mois d’opérations militaires, le régime de Muammar Khadafi a fini par tomber. Quelle orientation va prendre le pays ? Des inquiétudes sont nées après les déclarations de Mustafa Abdeljalil, chef du Conseil national de transition (cnt), annonçant comme première mesure l’introduction de la charia : «En tant que pays islamique, nous avons adopté la charia comme loi essentielle et toute loi qui violerait la charia est légalement nulle et non avenue.» Il est clair qu’après le règne de Khadafi qui a violemment combattu les islamistes, le président du cnt, ministre de la Justice de 2007 à février 2011, veut s’attirer les grâces des islamistes qui ont combattu pendant la révolution. Tout dépendra du rapport de force qui s’établira entre les composantes de la société
libyenne : la conservatrice, apparemment majoritaire, et la libérale, ainsi que de l’interprétation qui sera faite de la charia. Ce débat ne doit pas pour autant reléguer au second plan une autre question : l’importance des armes présentes dans le pays.

UNE PRIORITÉ : RASSURER

Après la victoire du parti En Nahda, les pays européens et une partie de la société tunisienne – les femmes notamment – sont également inquiets. Les responsables d’En Nahda ont pris soin de rassurer immédiatement.
Rached Ghannouchi a déclaré que son parti était prêt à une coalition avec tous les partis qui ont été dans l’opposition, en insistant sur la gestion cruciale des questions économiques et sociales. Le mouvement a compris qu’après la chute des investissements (-24% en 2011), la priorité était de rassurer les partenaires économiques du pays afin de trouver une solution au problème des diplômés chômeurs, à l’origine de la révolution. S’il se révèle incapable d’apporter des remèdes, il sait qu’il sera sanctionné lors du prochain scrutin. Enfin, il doit s’attaquer à la répartition des richesses, au déséquilibre régional et s’intéresser à l’arrière-pays, qui a été délaissé au profit de la zone côtière.

Mais ces inquiétudes ne doivent pas occulter la responsabilité des partis démocrates qui ne sont pas parvenus à s’entendre. Enfin, n’oublions pas le rôle des jeunes manifestants lors de la révolution et faisons leur confiance pour surveiller le processus en cours afin qu’ils ne se fassent pas voler leur révolution.
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