Ridha Charfeddine : La colocalisation est une réponse adaptée aux exigences nées des nouvelles formes de la compétition...

Humeur n° -
Mercredi 04 Décembre 2013 - Propos recueillis par Agnès Levallois
Ridha Charfeddine , PDG d’Unimed.
Colocalisation : TÉMOIGNAGES D’ENTREPRENEURS.
 Entretien avec  Ridha Charfeddine , PDG d’Unimed.
 


Qu’est-ce que la colocalisation pour vous, quelle réalité recouvre ce concept ?

Les échanges entre Nord et Sud (industrie et services) ont longtemps été rythmés par le concept de délocalisation, une réponse aux exigences de maîtrise des coûts, protégeant ainsi les marchés des entreprises et évitant leur mise en difficulté, voire leur disparition. L’industrie et les services ont connu des changements structurels, touchant aussi bien l’offre que la demande. Ce qui impose une transformation du mode de production et d’échanges. L’heure est à la valorisation de chaque étape du processus de création de valeur d’une entreprise et d’un échange vertueux assis sur une répartition des richesses produites par chacun, au service d’une croissance équilibrée et donc pérenne. La colocalisation, institutionnalisée et structurée, est donc une réponse adaptée aux exigences nées des nouvelles formes de la compétition, tout en générant un schéma de fonctionnement assurant les meilleures conditions à une croissance équilibrée pour l’ensemble de la région méditerranéenne.

Quelles sont les conditions nécessaires pour sa concrétisation ? Cela nécessite-t-il la mise en œuvre de réformes et si oui, lesquelles ?
Il faut un cadre institutionnel auquel se réfèreraient les acteurs candidats à la colocalisation, leur permettant ainsi d’identifier les avantages à court moyen et long termes et de construire une vision cohérente avec leurs attentes afin de préserver leurs marchés historiques et la conquête de nouveaux horizons. Ce cadre concerne les flux de capitaux et de personnes. Pour ce qui est des flux de capitaux, il serait utile que le cadre d’investissement des entreprises du Sud dans celles du Nord soit structuré et simplifié et qu’une banque transméditerranéenne se spécialise dans l’accompagnement des opérateurs qui choisissent la
colocalisation. Cette banque devrait mettre à leur disposition des outils financiers adaptés à leur statut de «colocalisé» et classiques pour leurs besoins d’investissement et d’exploitation.
En ce qui concerne le flux de personnes, il faut créer des conditions facilitant leur circulation afin, d’une part, d’assurer aux acteurs toute la flexibilité nécessaire au bon fonctionnement des deux entités et, d’autre part, de laisser s’exprimer les synergies qui seront à l’origine de nouveaux relais de croissance.

Pensez-vous qu’il faut élargir l’Euro-Méditerranée à l’Afrique ?
La réussite de la coopération et de la colocalisation avec les pays du Sud de la Méditerranée permettra de tirer des enseignements pertinents et le bon exemple pour l’extension à l’Afrique subsaharienne. Quand la Méditerranée cessera d’être une frontière pour redevenir un «bassin de coopération et de développement» le «bassin saharien» sera aussi, avec le développement des transports et de la communication, un espace de développement solidaire et partagé.
Partagez cet article
Imprimer Envoyer par mail