Tunisie : La défaillance d’un modèle

Humeur n° -
Lundi 10 Octobre 2011 - Maxime Weigert
En réussissant sa révolution démocratique, la Tunisie a entamé une transition politique qui aura un profond retentissement sur son modèle économique. Le secteur du tourisme, qui compte pour environ 10% de l’emploi et 6% du pib, risque d’être fortement perturbé par les changements socio-économiques qui s’annoncent.

Les inquiétudes au sujet d’une activité aussi fondamentale sont donc grandes. Car au-delà de la baisse de fréquentation qu’ont provoquée les événements de janvier en 2011, la crise post-révolution du tourisme tunisien ne fait que mettre en lumière la défaillance d’un modèle touristique basé exclusivement sur le tourisme balnéaire de masse, qui n’est plus en mesure de contribuer efficacement au développement économique du pays. Et, de fait, c’est une véritable crise structurelle que traverse le secteur depuis le début des années 2000 : la Tunisie est le pays sud-méditerranéen qui a connu la plus faible croissance d’arrivées touristiques sur la période 2000-2010, et celui dans lequel les dépenses journalières des touristes ont été les plus faibles.

Le rôle que le régime bénaliste a joué dans le déclin du secteur est majeur, sans aucun doute, et de nombreuses pratiques anticoncurrentielles ont eu cours ces dernières années. Le cas tunisien a offert l’exemple typique d’une mauvaise gouvernance sectorielle où règnent l’immobilisme et l’emprise du politique sur l’économique. En tant que tel, il illustre parfaitement la nécessité impérieuse, pour les pays méditerranéens qui ne l’ont pas encore fait, de libéraliser au plus vite l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie régionale.


Un repli de 36 % en un an

Le ministre tunisien du Tourisme, Mehdi Houas, a déclaré lors d’une rencontre avec la presse, à Paris le 19 sep tembre, tabler sur un retour fin 2012 de l’activité touristique dans le pays à son niveau d’avant la révolution, alors que la fréquen tation accusait encore un repli de 36 % cet été. Au lendemain de la révolution, « l’objectif était de réaliser 50 % de 2010 », a indiqué M.Houas.

Mais depuis, le conflit libyen «a eu un impact sur le tourisme estival et le repli atteignait 60 % début juin», a-t-il souligné. Entre le début de l’année et le 10 septembre, 3,2 millions d’étrangers sont venus en Tunisie, soit un repli de 36 % en un an (44 % pour les Français). Le recul des nuitées était de 43 % et celui des recettes de 41,2 %.
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