Une démarche pertinente

Humeur n° -
Mardi 02 Avril 2013 - Agnès Levallois
Le tramway de Casablanca inauguré en décembre : une réalisation franco-marocaine.
À l’heure où il est à nouveau question du dialogue 5+5 dont la relance a été rendue possible par le sommet des chefs d’État et gouvernement à Malte en octobre dernier, le premier du genre depuis décembre 2003, l’idée de le décliner autour de différents thèmes tels que l’agriculture, les transports, l’éducation, la santé ou l’urbain durable fait son chemin. La prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères, en avril, à Nouakchott est la preuve de cet intérêt renouvelé pour cette instance informelle dont l’objectif est de permettre aux États membres, grâce à un dialogue politique renforcé, d’arriver, grâce à une perception partagée de sujets d’intérêt commun, à une coopération régionale efficace et dynamique et à une meilleure intégration.

La volonté est clairement de mettre en avant des projets à travers des sujets techniques, reprenant en cela le thème développé par le président français de Méditerranée de projets. La démarche est pertinente car elle vise à des réalisations qui accompagnent la transition que vivent les pays de la rive sud. L’urgence est de permettre à ces transitions de s’accomplir, de réussir en dépit des difficultés. En effet, les politiques macroéconomiques sont dictées par l’urgence sociale. La plupart des gouvernements ont augmenté les subventions aux produits de base, essentiellement denrées alimentaires et énergie, alors qu’elles représentaient déjà une lourde charge pour les budgets. Ces dépenses se font au détriment de l’investissement alors que les investissements directs étrangers se font rares en raison de l’incertitude politique et économique. Nous sommes face à un cercle vicieux qui risque d’entraîner de nouvelles tensions d’autant que l’Europe, elle-même face à une crise économique et financière, n’a pas la capacité à réagir et aider ses voisins du Sud.

C’est dans ce contexte que le sommet de Nouakchott va se dérouler également marqué par l’intervention française au Mali. La Mauritanie est très concernée par la situation avec une longue frontière avec le Mali et plus de 100000 Maliens qui ont trouvé refuge sur son territoire. Quant à l’Algérie, elle est un acteur central pour de nombreux pays dans cette affaire, la chute du régime de Kadhafi lui donnant une extraordinaire profondeur stratégique, et elle n’entend pas voir remis en question son rôle dans la gestion sécuritaire du Sahel. L’intervention militaire au Sahel ne doit pas parasiter la perception que nous avons des pays de la rive sud et ne doit pas nous paralyser pour agir au nom d’une situation complexe.
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