Xavier Beulin : La colocalisation est la meilleure solution pour un projet gagnant gagnant...

Humeur n° -
Mercredi 04 Décembre 2013 - Propos recueillis par Agnès Levallois
Xavier Beulin, PDG de Sofiprotéol
Colocalisation : TÉMOIGNAGES D’ENTREPRENEURS.
 Entretien avec  Xavier Beulin, PDG de Sofiprotéol.


Qu’est-ce que la colocalisation pour vous, quelle réalité recouvre ce concept?
La colocalisation est aujourd’hui la meilleure solution pour un projet gagnant-gagnant entre deux pays ou deux partenaires agricoles ou industriels. L’époque où les relations ne se faisaient qu’à travers des échanges commerciaux est révolue, en particulier avec la Méditerranée. Les pays du Nord disposent de technologies, investissent dans l’innovation et les pays du Sud ont besoin de les acquérir tout en présentant des avantages compétitifs évidents, notamment le coût de la main-d’œuvre. Il y a donc intérêt à penser nos modèles économiques non plus in situ mais avec cette double dimension : optimiser des fonctions de l’entreprise partagées ou transférées en fonction du lieu où on est le plus performant, tout en tenant compte des caractéristiques des pays concernés.

Quelles sont les conditions nécessaires pour sa concrétisation ? Cela nécessite-t-il la mise en œuvre de réformes et si oui, lesquelles ?
On a besoin de cadres dans les domaines juridique, fiscal, réglementaire ou bancaire, mais l’essentiel c’est la prise de conscience de l’intérêt partagé et de la confiance réciproque sans laquelle cela ne peut pas marcher. Tous les investissements que nous faisons en Méditerranée sont réalisés systématiquement avec un partenaire local. L’exemple de Lesieur-Cristal au Maroc est une réussite: un savoir-faire concernant l’innovation marketing; le packaging est venu de France mais le directeur de l’usine, l’encadrement, les employés, l’organisation et le pilotage des projets sont marocains. Nous travaillons à un projet d’usine d’aliments en Algérie qui devrait voir le jour en 2014 et qui est réalisé avec un partenaire algérien. La filière française agricole, par son organisation historique, est appréciée dans les pays du Sud car elle va du semencier jusqu’au distributeur et permet d’établir de vrais partenariats. Une des difficultés a trait à la libre circulation des personnes et à l’obtention des visas pour venir dans les pays européens mais elle est contrebalancée par l’implantation de structures dans les pays du Sud permettant aux jeunes diplômés d’avoir accès à des métiers avec des formations organisées sur place.

Faut-il élargir l’Euro-Méditerranée à l’Afrique ?
J’ai une conviction : le Maroc peut devenir un hub pour l’Afrique de l’Ouest; l’Algérie pour l’Afrique subsaharienne et la Tunisie pour la partie septentrionale, l’ouverture sur le Proche-Orient. Ces pays pourraient ainsi faire le lien entre l’Europe et l’Afrique; ce qui serait une position intéressante pour eux. Mais cela pose naturellement la question des infrastructures, on parle de l’autoroute Dakar-Tanger qui, si elle voit le jour, sera un formidable atout. Donc oui, cet axe est essentiel mais il y a encore du chemin à parcourir
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