Liban Post : un modèle original de développement
L’objectif de libéralisation des échanges au niveau mondial paraît hors d’atteinte avec l’échec actuel de l’OMC. En revanche, de grandes zones économiques de solidarité se sont progressivement construites depuis plusieurs décennies d’abord avec le Japon adossé à la zone Asie puis l’Alena englobant les USA, le Canada et le Mexique. La mise en place d’un espace économique en Amérique Latine et les rencontres régulières (encore en octobre 2014) des pays de la zone Pacifique montrent que ce modèle de développement monte en puissance. L’Europe qui s’est élargie avec succès ces dernières années aux pays d’Europe centrale et orientale s’enfonce dans une crise économique persistante et doit se tourner vers ses voisins du Sud de la Méditerranée qui eux-mêmes de plus en plus tournent le développement de leurs entreprises vers le continent africain. Un grand marché Europe-Méditerranée-Afrique se dessine pouvant rivaliser avec les grands ensembles concurrents déjà constitués. Le rapprochement entre l’Europe et la Méditerranée est l’occasion de promouvoir un nouveau modèle de développement lié à la coproduction qui est un nouveau partage de valeurs entre pays et entreprises du Nord et du Sud, profitable aux pays des deux rives de la Méditerranée en termes d’investissement et de créations d’emploi.
L’objectif est de créer une communauté de destin et de projets par l’économie transcendant les obstacles politiques. L’Euromed postal regroupant la plupart des Postes du Nord et du Sud de la Méditerranée est un exemple maintenant ancien d’échanges mutuels et de projets communs (transferts financiers, plateforme, E-commerce…) qui fonctionne. Ces rencontres entre les Postes Méditerranéennes permettent des partages d’expériences et de bonnes pratiques, la finalisation de chantiers concrets améliorant la qualité de l’offre aux clients des Postes tant dans leurs activités traditionnelles de courrier que dans le développement de nouveaux services (financiers, E-Gouvernement …). L’IPEMED, think tank regroupant des entreprises des deux rives de la Méditerranée et militant pour de nouveaux modes de production et de coopération a été un des pionniers de la mise en place d’un nouveau système de coproduction entre entreprises du Nord et du Sud. Il est depuis sa création soutenu par la Poste française et par son intermédiaire participe aux travaux de l’Euromed postal. Dans le cadre de ses activités éditoriales, l’IPEMED a réalisé en 2013 une monographie des banques postales et services financiers dans trois pays : Tunisie, Maroc, Mauritanie.
Poursuivant ses travaux, il publie aujourd’hui un rapport sur Liban Post qui, depuis sa privatisation en 1998, a conforté son offre courrier aux particuliers et aux entreprises et a développé parallèlement des offres performantes à ses clients tant dans les services financiers que de façon plus originale dans les services E-Gouvernement par convention avec les différentes administrations libanaises. Cette « révolution » dans son organisation s’est bâtie sur l’utilisation intensive des nouvelles technologies mais aussi sur une politique dynamique de ressources humaines.
Liban Post a construit son modèle en s’appuyant sur les besoins spécifiques du Liban avec pour objectif le renforcement de la qualité de service à ses clients tout en préservant et confortant ses valeurs d’intérêt général communes à toutes les Postes de l’espace méditerranéen.
Ce rapport doit être considéré comme un élément supplémentaire de débat qui peut intéresser au-delà d’Euromed postal d’autres Postes, notamment africaines. L’IPEMED prend l’engagement aux côtés de l’Euromed postal de soutenir ce modèle de travail exemplaire et de participer à l’élaboration des projets qui naissent de cet espace d’amitié et d’échanges.
Michel Gonnet, expert associé
SOMMAIRE
Avant-propos de l’auteur
Pourquoi une réforme ?
Liban Post : organisation
Un développement passant par l’utilisation intensive de la technologie
Une diversification originale par les services E-Government
Le changement par le développement des ressources humaines
Conclusion
