Aïssata Diakité, la jeune créatrice et PDG franco-malienne de Zabbaan, envisage d'implanter une unité de conditionnement de ses jus de fruits bio en France
Alfred Mignot
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En direct de Marrakech
Un article d’Alfred Mignot pour Ipemed
Ingénieure en agro-business, Aïssata Diakité a 26 ans lorsqu’elle crée son entreprise de jus de fruits, qu’elle appelle Zabbaan, du nom du fruit le plus célèbre du Mali. Son père est vétérinaire et économiste, sa mère « fait du miel » : les choses de la nature ont toujours été très présentes dans l’environnement culturel et la vie quotidienne d’Aïssata, qui a grandi à Mopti dans une région très agricole, et cela a « facilité » sa prise d’initiative dans l’agroalimentaire, admet-elle.
Pour autant, la jeune femme a déjà eu à surmonter une rude épreuve. Alors que son projet était en gestation, les événements terroristes de 2012 font fuir ses futurs partenaires : « Ils m’ont tous lâchée, je me suis retrouvée toute seule ! »Alors elle a tout recommencé, et aujourd’hui, enrichie et plus forte de cette expérience et devenue un zeste philosophe, elle reconnaît que « oui, il peut y avoir de l’insécurité, mais elle fait partie de la réalité. Il faut apprendre à travailler avec ».
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Aïssata Diakité livre son témoignage de jeune entrepreneure en répondant aux questions de Denise Epoté, directrice de TV5MONDE Afrique, lors du Sommet Women in Africa 2019, à Marrakech, les 27-28 juin. © AM/AP.P
Déjà 5 000 agriculteurs partenaires
et 60 % de la production exportée
Avec son siège installé à Bamako, où œuvrent en permanence 65 collaborateurs, dont 30 emplois directs à plein temps et 35 saisonnières, Zabbaan est en fait présente dans plusieurs régions du Mali, faisant travailler quelque 5 000 petits agriculteurs que l’entreprise a fédérés dans une association de soutien, notamment pour compléter leur formation. Ainsi s’exprime concrètement une vision globale du rôle de l’entreprise, qui se veut un acteur à impact social positif, au-delà d’être un fournisseur emploi.
Côté activité, tout va bien ! Les produits Zabbaan sont référencés dans de « grandes maisons », par exemple la chaîne malienne et ouest-africaine du Groupe Azalaï Hôtel, et « dès le début d’activité, nous étions présents en région parisienne, puis en France, en réponse à la demande de la diaspora, qui est venue vers moi pour avoir nos produits », explique Aïssata.
Aujourd’hui, 60 % de la production est exportée, et la jeune dirigeante se pose la question d’implanter un site de conditionnement… en France, montrant ainsi avec d’autres entrepreneurs africains – par exemple le Marocain Karim Bernoussi, PDG fondateur d'INTELCIA – que l’on peut être un(e) entrepreneur(e) du Sud et créer de l’emploi en France et en Europe.
Une vision panafricaine
Autres faits remarquables : Zabbaan est aujourd’hui la première entreprise malienne à assurer la livraison de ses produits au domicile, ou au bureau.
Mais un autre élément est encore plus important : « Avec mes produits, je raconte une histoire culturelle africaine, car nous les préparons à partir de recettes traditionnelles de nos mères et nos grands-mères. C’est pourquoi je dis que sans les femmes, Zabbaan n’existerait pas ! » affirme Aissata.
Mais Zabbaan existe bel et bien, et le plus bel avenir lui semble promis, avec sa présidente-fondatrice qui déborde de « passion, détermination et créativité » – c’est ainsi qu’elle définit le profil idéal de l’entrepreneure africaine. Profil qui lui sied d’ailleurs parfaitement : non contente de développer son entreprise, Aïssata veut maintenant organiser une centrale d’achat à la dimension de l’Afrique de l’Ouest, « pour être une force de proposition face aux institutions et travailler avec tous les acteurs de l’écosystème ».
Chapeau, Madame la Présidente !
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